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Marie Labat / Artiste plasticienne

Depuis son îlot de verdure au coeur des Pyrénées, depuis la ferme où elle a grandi et où elle travaille au quotidien, Marie Labat nous livre, dans son travail artistique, sa vision des territoires naturels, et interroge, voire dénonce, la façon dont « l’homme moderne » les investit. Ses oeuvres manifestent ainsi les tensions entre le local et le global, scannent la condition paysanne actuelle – sa place ou sa « non-place » face à une bulle techniciste qui s’impose à notre présent. Et elle capte au passage l'espace-temps des femmes de la campagne, des sorcières-magiciennes prises dans la marche de l'Histoire.

Chrystelle Desbordes, Semeuse et autres contes, autour de l'oeuvre agriféministe de Marie Labat, Édition Les Plis du ciel, p.11.

Ma ferme familiale et sa campagne m’offrent des espaces de respiration, comme une liberté instinctive, à la lisière du bois, du sauvage. À la fois artiste, agricultrice, citoyenne, féministe, mère, j'exprime dans mes oeuvres l'histoire et le présent de ma terre issue d'un legs patriarcal. Ma mère, ma grand-mère, tout comme mon arrière-grand-mère y ont travaillé d'arrache-pied et ont su y développer leur don extraordinaire de semeuses.

Chaque jour, j'ai les mains dans la terre, j'observe le rythme des saisons, j'embrasse la majesté des montagnes encore préservées. Au cours de mon enfance, j'ai reçu ici ine éducation fondée sur la nature, une nature toujours plus fragilisée par l'emprise que certains exercent sur elle. Aussi, lorsque j'admire les sommets enneigés des Pyrénées, je ne peux m'empêcher de penser à la fonte des glaciers, à l'Anthropocène.

Agroféministe, mon art l'est car il est branché à "l'organe nature" - à son élan de vie sensible (bien plus que rationnelle) ; et il l'est, dans le même temps, car je crois que cette énergie emplie de richesses est particulièrement protégée par les femmes, peut-être aussi à cause de leur condition sociale souvent plus précaire que celle des hommes. Mon art parle de tout ça, de cette condition féminine, des ressources de la terre, des problèmes écologiques et d'une mondialisation libérale visiblement sans frein, de l'héritage paysan qu'il ne faut pas oublier. Engagé, mon travail est au service d'une philosophie du vivant, laquelle a pour moi une "super messagère" : ma semeuse."

Marie Labat

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